Avec ses 10 millions de touristes par an, le Maroc semble avoir dépassé le cap fixé par la vision 2010, ; celle qui avait été conçue par le gouvernement de l’époque. Cette vision avait été perçue en son temps comme une véritable révolution.

D’abord parce qu’elle apportait une réelle visibilité au secteur. Il s’agissait d’une vision stratégique sur les moyen et long termes qui dressait la feuille de route du secteur sur les 10 années qui suivaient. Pour la première fois, le Maroc se fixait des objectifs chiffrés à atteindre : capacité litière, nombre d’hôtels à construire, concessions de stations,…

Ensuite parce qu’elle instaurait un partenariat public-privé encore jamais vu auparavant : les acteurs des deux bords se mettaient d’accord sur des programmes de développement et des objectifs globaux à atteindre pour faire du Maroc une puissance touristique sud méditerranéenne.

  • Premier contributeur à la balance des paiements : les recettes touristiques (hors transfert des Marocains Résidents à l’Etranger) sont passées de 29 à plus de 56 milliards de dirhams, soit un taux de croissance de 7.5% par an. Les revenus issus du tourisme sont ainsi devenus la première source de devises du pays, devant les transferts de MRE, et loin devant les autres secteurs de l’économie (phosphates, textile, …)
  • Deuxième contributeur au PIB national :

En termes de production de richesses, le Produit Intérieur Brut du secteur du tourisme a connu une croissance annuelle moyenne de 7.6%, supérieure à celle de l’économie dans son ensemble.
Il a aussi créé 450.000 emplois directs, ce qui est loin d’être négligeable dans un pays où les taux de chômage culminent officiellement à 10%.

Concessions des stations à des aménageurs privés, open sky, nouvelle politique de promotion touristique à l’international, mutation de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) en bras armé marketing du gouvernement :… Le tourisme marocain a résolument réussi sa mue en quelques années.

Malgré ces avancées certaines, plusieurs points noirs subsistent au tableau. En premier lieu, figure celui des concessions de stations balnéaires.
Plusieurs d’entre elles ont été concédées mais sont loin de remplir les conditions initialement fixées dans le cahier des charges. Saidia, la première des stations concédées a été un véritable fiasco. Elle est loin, actuellement, d’attirer les touristes escomptés faute d’animation et de politique promotionnelle adaptée, entre autre.
Mogador n’a toujours pas ouvert ses portes même si son concessionnaire en avait fait la promesse pour 2010. Lixus, dernièrement reprise par le Groupe Alliances, est loin d’ouvrir ses portes.
Les plans d’animation annoncés en grandes pompes n’ont pas été mis en place.
Côté formation, la vision 2010 n’a pas rempli sa mission. C’est l’un des parents pauvres de la stratégie touristique.
L’open sky n’a pas atteint les résultats escomptés : plusieurs compagnies aériennes étrangères ont quitté le Maroc, trouvant la destination « trop chère ».

Ce n’est qu’une décennie après que le Maroc commença à parler de la Vision 2020. Il capitalisait sur les acquis de la vision et plaçait la barre encore plus haut : hisser le Maroc au rang des 20 plus grandes destinations mondiales et s’imposer comme une référence du pourtour méditerranée ainsi que doubler la taille du secteur.

La vision 2020 est donc loin d’être la négation de la précédente vision mais en est au contraire une continuité, basée sur les acquis et avancées déjà réalisées. .

A fin 2013, le Maroc a réalisé des performances inespérées. Malgré la crise des pays environnants et la baisse du pouvoir d’achat dans les principaux pays émetteurs européens, le nombre d’arrivées de touristes au Maroc s’est établi à 10,5 millions soit 7,2% de plus qu’en 2012.

La majorité des indicateurs sont au vert : taux d’occupation des établissements hôteliers classés (+4 points comparativement à 2012) ; séjours internes dans les établissements classés (10 ,4 millions), 58 milliards de dirhams de recettes touristiques (+2%), investissements de l’ordre de 19 milliards de dirhams conventionnés, 20.000 emplois créés et 12.900 jeunes formés…

Lahcen Haddad affiche un réel satisfecit et n’hésite pas à annoncer des résultats attendus optimistes pour 2014.
Cela signifie-t-il pour autant qu’il n’existe pas de points noirs au tableau ?
La taxe aérienne tant décriée est entrée en vigueur le 1er avril et nombreux sont ceux à clamer qu’elle impactera très négativement les flux aériens. Or l’Open Sky est un aspect primordial de la réussite de la vision 2020.
La formation et la qualité de service dans les hôtels sont aussi un des points noirs du secteur. Arrivera-t-on à l’améliorer ?
L’absence de conception d’une politique d’animation globale est elle aussi décriée.
En somme quelles sont les perspectives pour la vision 2020 ?

C’est le thème de l’intervention de M. Lahcen Haddad, Ministre du Tourisme, à HEM Casablanca le 10 avril 2014 à partir de 18h30 dans le cadre du cycle « Décideurs en question ».

M. Lahcen Haddad, Ministre du Tourisme, à HEM Casablanca